Le sport automobile au féminin : interview de Zoé Daco

L'Association Sportive Automobile Francophone est allée à la rencontre de Zoé, juste après le rallye-sprint de Tenneville 2023.

Zoé, parle-nous un peu de toi

Zoé Daco avec son père Alain« Dès mes 18 ans, que j’attendais avec impatience, je suis montée à la droite de mon papa, Alain Daco, que l’on ne doit plus présenter dans le monde du rallye provincial. Et, depuis un an, je prends du plaisir derrière le volant de ma propre voiture de course. Ma maman, Véronique, a tâté de la course de côte, mais préfère nous accompagner sur les épreuves. J’ai un frère qui avait le même rêve que moi : rouler un jour comme son papa. Aujourd’hui, cela fait 14 ans qu’il ne fait plus partie de notre monde, mais je suis sûre qu’il est super fier de nous ! Au niveau professionnel, je suis "Department Manager" dans une chaîne vestimentaire à la frontière luxembourgeoise. Un métier dans lequel je suis complètement épanouie. De plus, je viens de finir, voici un an, la maison que j’ai achetée à 19 ans. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir mes parents et j’en suis fière ! »

Tu n’as pas que le sport auto, comme passion

« Mon travail, avec ses horaires irréguliers, me prend beaucoup de temps. Il m’est donc compliqué d’avoir d’autres hobbies. Toutefois, dès que j’ai du temps libre, j’aime le passer avec des amies à faire du shopping, prendre un verre… »

Raconte-nous ta première ta première expérience en compétition

« Ma première course, c’était en tant que copilote… avec papa et la Clio bleue. C’était au JMC Rallye des Hautes Fagnes, en 2017. Nous avons fini à la 11e place générale et seconds de la classe 2-6. Ce n’était pas le plus simple pour commencer ! Et, comme l’expérience fut positive, nous avons enchaîné avec le Rallye des Crêtes où nous avons abandonné, direction assistée en rade. »

Et tes débuts derrière le volant ?

Zoé Daco au volant de sa Clio« C’était au rallye-sprint ASRT de Comblain en octobre 2021, avec la Clio de papa et lui à ma droite (c’était aussi une première pour lui !). Dans la première boucle, on fait un tour trop peu dans la Show. Avec la pénalité encourue, notre Clio se retrouve à la dernière place au général. Toutefois, nous continuons pour mon apprentissage. En 2e boucle, avec des notes corrigées et un copilote avide de m’apprendre, nous faisons le scratch en 2-6. Idem pour les boucles 3 et 4. Cela ne changeait rien au classement, mais quelle prise d’expérience ! Ensuite, ce sera ma première épreuve avec ma propre Clio, à peine terminée, au rallyesprint de la l’Homme 2022, toujours avec papa comme copilote – instructeur – motivateur. « Dans un sprint, c’est dans la première qu’il faut tout donner ! », m’a-t-il toujours dit. Donc, grands gaz… et cela paie ! En tête de la classe, je suis trop en confiance dans la 2 et commets quelques erreurs dont une petite sortie sans dégâts. Nous redescendons à la 4e place. Papa me remet en confiance, j’écoute ses conseils (frein, trajectoire, …) et, à ma grande surprise, nous finissons sur la plus haute marche du podium en 2-6 ! »

Parle-nous de ta voiture

« C’est une Clio II Phase 1 qui vient de France. Mais, comme toutes les autres, elle n’était pas adaptée aux routes belges. Papa l’a donc démontée et remontée comme la sienne avec une boîte à crabots, ses réglages des trains et suspensions. Pour 2023, l’auto a reçu un nouveau moteur avec quelques évolutions au niveau de l’échappement, de l’admission d’air... »

Vu tes responsabilités professionnelles, comment vois-tu ton évolution dans le Rallye ?

« J’aimerais participer à un Challenge genre « Bruno Thiry » mais être soumise à un calendrier sportif n’est pas gérable avec mes occupations. Je compte encore m’aligner en rallye-sprint, mais aussi en rallye, quand c’est possible. Toutefois, mon plus grand objectif actuel est de pouvoir faire confiance à un(e) copilote autre que papa. Même si je n’y connais rien en mécanique, je veux aussi pouvoir être capable d’expliquer ce qui ne fonctionne pas sur l’auto. Et là, encore une fois, mon papa m’est précieux ! »

Le sport auto est réputé être un « jeu de garçons ». Comment te sens-tu dans ce milieu plutôt masculin ?

« En général, je suis bien admise et admirée par beaucoup pour mes performances. Toutefois, il y en a toujours qui ne supportent pas qu’une fille soit devant eux au classement. Les « machos » existent toujours, en 2023 ! »

Pour terminer, comment vois-tu la suite de ta carrière ?

« A vrai dire, je n’ai pas de projet, de but final en sport auto… Je veux juste continuer à progresser, à évoluer et exploiter mon auto à 100%. Mais bon, dans un coin de ma tête, j’aimerais peut-être arriver à la hauteur du talent de Michèle Mouton ou Mélissa Debackere… » (rires)